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UNE ŒUVRE D’ARTISTE

sure de mes faibles moyens j’ai essayé de réparer le crime de mon malheureux père ; la réparation, je le reconnais, ô mon Dieu, n’égale pas l’outrage, mais ayez égard à mon humaine impuissance et daignez agréer avec miséricorde l’acte d’expiation filiale.

« Et maintenant permettez-moi de vous adresser une prière : Vous qui connaissez le fond de mon cœur, « Vous savez combien je Vous aime ! Vous savez bien aussi qu’aux brillantes ascensions de la gloire j’ai toujours préféré les humbles degrés du Sanctuaire ; accordez-moi de les gravir, Vous comblerez les vœux de votre serviteur. »

Il renouvela l’offrande de sa vie, de son âme, de tout son être qu’il voulait consacrer uniquement au service et à la défense de la sainte cause.

Quand Benoit quitta son Dieu, la nuit était avancée ; les heures heureuses, qu’il avait passées auprès de ce tabernacle, étaient pour lui le meilleur couronnement de cette journée qui avait exalté son nom et son génie.

La ville lui offrit de lui acheter son œuvre ; Benoit refusa, il l’avait de tout temps destiné à son modeste village.

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Le 14 septembre 1898, le village de la C… était en liesse, on érigeait ce jour-là le calvaire, envoyé par Benoit à son pays natal. Selon sa volonté il devait s’élever sur l’emplacement même de la grande croix, jadis abattue par le forgeron. La fête d’inauguration fut un véritable triomphe, une foule nombreuse était accourue. L’évêque du diocèse présidait la pieuse céré-