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UNE ŒUVRE D’ARTISTE

IV

Quiconque a connu la Louise croirait revoir son fin et doux visage dans celui de la Madone qui domine le maître-autel de la modeste petite église de la Bourine. Ce fut la première œuvre de Benoit ; elle fut suivie de plusieurs autres et chacune révélait la marche toujours ascendante du talent du jeune artiste.

Deux groupes : l’Espérance soutenant la Douleur ; et la Miséricorde inclinée sur le Repentir, portèrent au loin la renommée de Benoit Guéridou. Il devenait célèbre ! le rêve du forgeron se réalisait !

Simonet voyait, sans aigreur, que son élève l’égalait déjà et qu’avant peu il ferait pâlir sa propre célébrité.

La ville de Marseille l’envoya en Italie ; sur cette terre classique des arts, le nouveau pensionnaire de la villa Médicis se perfectionna encore et atteignit le sommet si aride du génie. Il revint grand prix de Rome ! C’est alors qu’il entreprit son « chef-d’œuvre » rêvé depuis longtemps. Il choisit un marbre très précieux. Sous son ciseau habile, le bloc inerte s’animait, peu à peu une croix apparaissait et sur cette croix se dessinait une forme humaine aux lignes harmonieuses, mais portant néanmoins l’empreinte de la souffrance : Benoît sculptait un Christ mourant !

Dans ce travail merveilleux la foi et le génie se côtoyaient sans cesse ; l’artiste voulait avant tout que son