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UNE ŒUVRE D’ARTISTE

Le jour de sa présentation au temple maçonnique, le député, qui était de passage à Toulon, vint serrer la main au nouvel initié, et poussa la condescendance jusqu’à l’appeler : mon ami ; puis flairant en lui un partisan utile il lui offrit sa « bienveillante protection » et ses « services », ainsi qu’il le faisait d’ailleurs pour chaque membre de la loge Toulonnaise, où il ne comptait que de fervents électeurs ; aussi, pour entretenir leur zèle, lui, l’Honorable, ne manquait-il jamais de présider les réunions, toutes les fois qu’il se trouvait dans le chef-lieu.

Le député était très généreux en promesses, malheureusement, il avait sur ce point une mémoire très rebelle ; mais comme il avait généralement affaire à de « bonnes têtes » (ce qu’il n’ignorait pas) ces absences volontaires ne nuisaient en rien à sa popularité dans le département, qu’il représentait de sa monumentale personne au Palais Bourbon.

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Les années s’écoulaient tristes et douloureuses pour la pauvre Louise. Elle fut englobée dans la méfiance et le mépris que les gens du village avaient pour le « renégat. » Elle concentra sa souffrance et redoubla de dévoûment et d’affection à l’égard du malheureux égaré et de confiantes prières envers le ciel qui, elle le croyait fermement, ne pouvait pas la délaisser dans son affliction.

C’est en ce temps d’épreuves que le petit Benoit vint au monde. Cet événement répandit un peu de vie et de clarté dans l’existence sombre et triste de la pauvre femme. Le forgeron lui-même se réjouit de la naissance