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CIMETIÈRES CATHOLIQUES DE MONTREAL

« Nous étions arrivés à Ostie, où nous devions nous embarquer pour l’Afrique, lorsque ma tendre et digne mère, fut prise de fièvre. Ayant le pressentiment de sa mort, elle nous dit : Vous déposerez ici mon corps, et vous vous souviendrez de prier pour moi à l’autel du Seigneur. Le neuvième jour de sa maladie, âgée de cinquante-six ans, et moi de trente-trois, cette âme si religieuse et si bonne fut délivrée des liens du corps. Je pressais mes paupières pour retenir mes larmes ; mais ma douleur, douleur immense, refluait au fond de mon cœur : puis, s’échappait en larmes abondantes que mes yeux s’efforçaient d’absorber. Cette lutte m’était très pénible. Le petit Adéodat pleurait tout haut. Nous le fîmes taire ; car il ne nous paraissait pas convenable d’honorer cette mort par des gémissements et par des cris, attendu que c’est ainsi qu’on a coutume de déplorer la misère des mourants et en quelque sorte leur anéantissement. Or, ma mère ne mourait pas misérablement, ni elle ne mourait pas toute entière. Ses exemples, sa foi, des preuves certaines, nous en donnaient l’assurance. L’enfant calmé, Evodius prit le psautier et commença à chanter