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De la guerre
préventive aux
aveugles pour rire


En scène pour la répétition générale.

Alerte au gaz.

Le professeur Langevin, le docteur Rivet et, avec eux, les hommes de science les mieux autorisés ont démontré, preuves à l’appui, l’inefficacité des moyens individuels et des mesures générales de protection proposés au peuple de Paris, contre le bombardement aérien, par les officiels et les officieux de la République bourgeoise.

En réponse, tel grand prêtre de la flicaille a traité de faux intellectuels ceux à qui ni la police ni l’armée ne sauraient pardonner de s’opposer aux tentatives de militariser les civils.

L’année dernière le colonel de la Rocque présidait l’Union de défense passive de France, avec gaz, asphyxie et coquets bénéfices à tous les étages. Pour assister ce cher Casimir, M. Schneider avait bien voulu distraire un peu d’un temps précieux, précieusement consacré à la vente de l’artillerie lourde et aux séances de l’Académie des sciences morales, politiques et canonnières. De gros industriels, marchands d’ustensiles à donner l’illusion de la sécurité, tout le contraire des petits sauteurs ou des faux intellectuels, complétaient l’assemblée.

Et dire que, malgré le respect dû à ces messieurs, un chimiste muni du meilleur des masques eut encore le mauvais esprit de mourir, après un court passage dans la chambre à expériences.

La fumée d’une cigarette traverse telle substance dont l’imperméabilité a pourtant été louée en style publicitaire, parmi les réclames pour les maisons de massage, les pilules qui remontent jusqu’au ciel les poitrines un peu fatiguées, les sirops qui font descendre les rhumatismes en terre et les fakirs prêts à offrir le moyen de gagner à la loterie, en échange d’un timbre de cinquante centimes.