292 LIVRE V, CHAPITRE XII louaient leurs services pour amuser les convives à table et dans d’autres occasions: les riches entretenaient aussi grecques de l'ltalie, comme à Naples (Cie. pro Arch. 5, l0 ;Plutarch. Brut. 2l), par exemple: ils avaient encore conquis droit de elle à ` Rome (VI, p. 44. Cic. ad fam. 7, 1: ad Atl. l6, 5 : Suet. Cœs. 39 : Plutarch. Brut. 2l). Nous objectera-t-on I’l7lSC’I`Q7(l07'l« lumulaire bien. connue de Licinia Eucharis, morte à l’àge de la ans, inscrip- · tion qui paraît de la tin de l’époque actuelle (Corp. lnsc. .Lat. , n' i009, p. 220), et où il est dit que cette jeune fille u bien élevée, ` » instruite dans tous les arts des muses, » aurait donné,en sa qualite ' de danseuse, des représentations privées dans les maisons du grand V monde; et qu’elle se serait, la première, produite en publie, sur la _scene grecque, à Rome '(modo nobilium ludos decorari choro, et Grœca in scena prima populo apparut) P Ceci ne veut dire qu’une chose, c’est qu'elle a été la première jeune fille, qu’on aitvue à Rome ` monter sur le théâtre grec public: et, en effet, c’est vers cette . époque que`les femmes commencent à se montrer sur les planches. · (p. 228, n. 2).- Du reste, les « Jeux grecs » ne paraissent point avoir été de vraies représentations scéniques : ils appartenaient plutôt au ` · genre de ladéclamation accompagnée de musique, qui fut aussi fré- ' quemment pratiquée plus tard dans la Grèce proprement dite (Weleker, griech. Trag. p. I277). C’est la conclusion qu’il faut tirer des indica- ' tions fo_uruies par Polybe (30, l3) sur les concerts des joueurs de flute, parSuétone(l: cll.),·sur la danse eu général et la danse des armes selon le mode de l’Asie Mineure, exécutée dans les jeux donnés par César, et ·de l’iuscription meme précitée du tomheau d`Eucharis; entiu j'estime que dans le passage des Rhel. ad Herrennium (4, 47,60), . relatif aux Cylharœdes (cf. Vitruv. 5,* 5, 7), il est fait deiméme allusion à ces « jeux grecs. » Une autre chose me frappe, c’est de voir_ ces représentations combinées à Rome avec les luttes d’athlètes grecs (Polyb. Z. cit. : Tite-Liv., 39, 22). --Les récitations drama- · tiques n’étaient point exclues de ces jeux mixtes, ear nous voyons 167 ¤v· J·-C. figurer des acteurs tragiques dans la troupe amenée a Rome en 587 par Lucius Anicius. Pourtant on peut croire que ce n’était point là, à proprement parler, des représentations dramatiques : l’artiste se contentait d’y déclamer ou chanter, avec accompagnement de llùtef . tantôt un drame entier, tantôt et plus souvent de simples fragments. - Voilà`bien ce qui se pratiquait à Rome, et suivant toute apparence, la grande attraction pour le public , dans les jeux grecs, —c'était la . musique et_la danse : quant aux paroles, on ne s’en préoccupait guère, pas plus qu’aujourd’hui les dilettantes de Londres on de Paris n’écoutent celles de l’opéra italien. Véritables pots pourris sans règles fixes, ces jeux melés allaient très-bien au goùt actuel du · public : ils sfadaptaient aux théâtres de societé, bien plus facilement que ne l’eussent 'pu faire les représentations dramatiques complètes de la scène grecque. Que celles-cid’ailleu1·s aientété importées aussi à Rome, loin d‘y contredire,j’admets quele fait est prouvé.
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