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274 n LIVRE V, CHAPITRE XII antiques, et a' Rome surtout, au sein de l‘assemblée du peuple: là rien n’enchaînait l’orateur, ni les ménagements · dus à des collègues, ni l’obstacle des formes sénatoriales, _ ni, commedevant les prétoires, l’intérêt de l’accusation ou de l'accusé, chose étrangère le plus souvent à la poli- tique. La, seulement, il se levait portant haut le cœur, __ et tenait suspendu à ses lèvres le grand et puissant audi- toire du Forum romain. Ces grands jours étaient passés, A ` non qu’il manquât d’orateurs, ou qu’on eût cessé de publier les discours tenus devant les citoyens: bien au contraire, les écrits politiques en tous genres commencent à pulluler, et au grand ennui des convives, l’amphitrion leur inflige même à table la lecture de son dernier discours parachevé. Publius Clodiusdébite en brochures ses allocu- tions populaires, comme avait fait Gaius Gracchus: mais de_ce·que deux hommes agissent de_même, s’ensuit-il qu’ils font la même chose? Lcs princes et chefs .de l’opp0- · · sîtion, César tout le premier, ne parlèrent plus que bien ` rarement au peuple, et ne publièrent _plus leursharangues: ils donnèrent à leurs pamphlets politiques une autre forme que celle des traditionnelles conviens: on vit paraître les élogcsde Caton et les critiques anti·catoniennes (p. 59); remarquables spécimens du genre. Gaius Gracchus avait parlé au peuple: on s’adresse aujourd’hui à la popu- . lace: tel l’auditeur, tel le discours. Ou’on ne s’en etonne pas, l’écrivain politique en réputation évite l’ornement desormais. A quoi bon? il est censé ne parler que devant les foules amoneelées au Forum. _ Emi Cependant, au moment même ou l’éloquence, au point dÈ,:,°p',Éf§;‘;,î':” de vue de son importance littéraire et politique, tombe et se ilétrit, comme toutes les autres branches des belles - lettres jadis florissantes au souffle de la vie nationale, , voici venir un genre nouveau, le plaidoyer, genre singu- lier, étranger le plus souvent à la politique. Jusqu’alors on _ ne s’était point douté que les discours des avocats fussent débitéspour d’autres que les juges et les parties, et qu’ils