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si possible, de l’entreprise de la conquête d’un grand pays, commencée en violation de la constitution, sans mission formelle de l’autorité compétente, et des recrutements sans cesse renouvelés au profit de l’armée conquérante. Ce Commentaire fut écrit et lancé dans le public en 703, a l’heure ou l’orage éclatant dans Rome, César était sommé d’avoir à licencier ses troupes, et à répondre de sa conduite 1.

Comme il le dit lui-même, l’auteur des mémoires écrit en soldat ; il évite de noyer son_ récit purement militaire sous les digressions peut·être dangereuses qui auraient trait à l’organisation·politique et à l’administration. Dans sa forme spéciale, cet ouvrage de circonstance et de parti n’en est pas moins un document égal aux bulletins de a Napoléon: il n’est pas d’ailleurs, il ne devait pas être une œuvre d’histoire dans le sens réel du mot :~le fonctionnaire

  • Il y a longtemps qu’on a, pour la première fois, émis la conjecture que le commentaire sur la guerre des Gaules a été publie d’un seul trait; et la preuve en est dans ce ·fait, que dès le premier `

livre (28), on voit les Boïens et les Héduens mis sur le meme ·pied, bien qu’au septième (10), les premiers soient indiqués encore comme sujets et tributaires des seconds. Ce n’est_qu’à raison de leur conduite et de celle des Héduens dans la guerre contre Vercingétorix qu’ils ont été faits les égaux de leurs anciens maitres. D’un autre côté, pour _qui tient note attentive des événements, une allusion faite ailleurs à l’échauffourée milonienne (7. 6), montre assez · que le livre a été publié avant l’explosion de la guerre civile: non pas, il est vrai, parce que César y loue Pompée, mais bien parce qu’il y approuve les lois d’exception de l’an 702 (VII, p. l7l). ll le .52. pouvait et devait faire, tant qu’il avait l’espoir d’un accommodement avec son rival (VII, pp. 202-204). Après la rupture, lorsqu’il cassa les condamnations prononcées aux termes de ces mêmes lois, devenues gravement dommageables à sa cause (p. ·_53) , l’éloge n’avait plus sa raison d’être. Donc, c’est bien à l’année 703, qu’il convient de placer la publication du Commentaire. — Pour ce qui est de l’objet et des tendances du livre, ils se manifestent clairement dans les efforts constants de César pour colorer par de spécieux motifs ses diverses expéditions militaires. A l’entendre, ce ne sont ’ là que des actes défensifs nécessités -par la situation des choses; efforts, comme on sait, souvent malheureux, surtout en ce qui touche l’irruption en Aquitaine (3. 11). On sait qu’au contraire, les ennemis de César blamaient comme absolument non provoquées ses attaques contre les nations celtes et germaines (Suet. Gœs. 24).