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est admise à l’égalité civile absolue ; elle atteste et autorise l’espoir qu’un jour, dans la monarchie césarienne, comme aux siècles florissants de la jeune République, il sera donne à toute région latinisée d’aller se placer, égale en droits et en condition, à coté de la province sœur, son aînée, à coté de la ville métropolitaine elle-méme. Déjà les pays voisins, la Sicile grecque et la Gaule méridionale, rapidement transformés, ont pris les devants, et marchent à leur nivellement politique et national. Derrière elles, et loin derrière elles encore, se tiennent les autres provinces. Là, jouant le rôle de la colonie romaine de Narbonne dans la Gaule méridionale, on rencontre les grandes villes maritimes, Empories, Gadès, Carthage, Corinthe, Héraclée Pontique, Sinope, Béryte, Alexandrie, villes aujourd’hui italiques ou helléno-italiques, points d’appui de la civilisation italienne dans l’Orient grec, ou colonnes déjà debout du futur édifice politique et national de l’Empire uni. C’en est fait de la domination de la cité de Rome sur le littoral de la Méditerranée. A Rome a succédé le grand État Méditerranéen : son premier acte est la réparation des deux grands crimes de lèse-civilisation commis par la Métropole. Les ruines de Carthage et de Corinthe, les deux plus vastes centres commerciaux du territoire de la République, avaient marqué la date critique du passage du protectorat romain à la tyrannie politique, à l’exploitation financière excessive des provinces sujettes. Le rétablissement immédiat, éclatant, de Carthage et de Corinthe marque l’ère de la fondation d’une nouvelle et grande société, embrassant dans la même loi d’égalité politique toutes les régions de la Méditerranée, et les appelant toutes au bienfait de l’unité nationale véritable. Au nom antique de la cité corinthienne, César ajoutait à bon droit le nom nouveau d‘« honneur des Jules 1 ».

[Laus Julia, sur les médailles. Eckel, 2, 238.]