Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/63

Cette page n’a pas encore été corrigée

RELIGION 59 de la société des Scipions, le grec Polybe, exprimer ouver- tement cette opinion, que les rites étranges et compliqués du culte romain n’ont été inventés que pour la foule: comme la raison n'a point de prise sur elle, il faut bien la gouverner par les miracles et les signes : quant aux gens sensés et éclairés, ils n’ont que faire de la religionl Sans nul doute les amis romains de Polybe partageaient au · fond sa manière de voir, alors même qu’ils y mettaient plus de façons et que leur langage était moins cru, en ma- tière de science et de religion. Ni Laelius, ni Scipion Emi- lien n’ont pu voir autre chose qu'une institution politique _ dans la science augurale que Polybe, en parlant ainsi, ` ` avait surtout en vue. Mais ils avaient trop d’esprit national_ et trop de sentiment des convenances pour se permettre · en public d’aussi dangereuses manifestations. Une autre ' génération leur succéda; alors on entendit Quintus Scae- vola, le grand pontife, celui qui fut consul en 659 (V, sa av. 1.-0. pp. l86, 332) professer, dans son cours oral sur la juris- prudence, qu’il y` a deux religions, l’une intelligente et - philosophique, l’autre inintelligente et traditionnelle ;l’une, qui ne convient point a l’État , parce qu’elle contient · maintes choses inutiles ou dommageables au peuple, l’autre · qui est la religion d’État, et qui doit rester ce que la tradi- - tion l’a faite. La théologie varronienne * n'est que le dé- veloppement de la même pensée, lorsque traitant de la; religion de Home elle la considere comme un véritable · . ` établissement politique. « L’État, » y est—i1 enseigné, « est » plus ancien que ses dieux , de mémeque le peintre est » plus vieux que son tableau : s’Il s’agissait de les refaire » à neuf, on anrait grandement raison de les instituer en » convenance meilleure avec le but, et cadrant mieux » quant à leur principe avec les parties diverses de l’ame » du monde : on leur donnerait des noms plus vrais`: on

  • [Les Antiquitates rerum divinnrum (en 16 livres) faisaient partie

du grand ouvrage de Varron_ sur les antiquités romaines. On n’eu connaît que le plan, grâce à saint Augustin, de civit. Dei.] ·