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poison trop sûr. Les Grecs n’offraient plus aux Romains qu’un breuvage attiédi, délayé; et ceux-ci ne surent ni le refuser, ni remonter des écolatres vivants aux nobles maîtres morts. Platon et Aristote, pour ne point parler des sages d’avant Socrate, restèrent sans influence surla culture romaine, alors même que leurs noms illustres étaient cités, et que les plus intelligibles de leurs écrits étaient lus et traduits. En philosophie, on peut dire des Romains qu’à mauvais maîtres ils furent pires disciples. En dehors du système religieux historique et rationaliste, qui résolvait tous les mythes en une sorte de légende des divers bienfaiteurs de l’humanité aux temps anciens, et passés dieux la superstition aidant; en dehors de l’évhémérisme, enfin (IV, p. 465), trois écoles philosophiques ont principalement influé sur les destinées morales de l’Italie : les deux 2vo.2saav.r.c_ écoles dogmatiques d’Eplcure (1- 484)- et de Zénon(1· 494), 241. et le scepticisme d’Arcésllas (—(- 543) et de Carnéades (544- 213-129.I 625), ou pour leur donner leurs noms, l’Epicuréisme, le Portique et l’Académie nouvelle. Posant comme principe l’impossibilité de la certitude réfléchie, et mettant en son lieu la seule probabilité d’une opinion préconçue suffisante pour les besoins des actions humaines, l’Académie nouvelle de sa nature n’aboutissait qu’à une polémique constante : elle enveloppait dans le réseau de ses dilemmes toutes les données de la foi positive et du dogmatisme philosophique. Elle se place donc à peu près sur la méme ligne que l’ancienne sophistique,· avec cette différence, on le comprend, que les sophistes s’attaquant davantage a la croyance populaire, Garnéades et ses disciples entraient plutot en lutte contre les autres adeptes de la philosophie. Epicure et

[Arcésilas, le fondateur de l’Académïe nouvelle, était né d’un père Scythe et fleurit vers la lin du lll· siècle. à Athènes. Il résumait ses opinions dans cette formule qu’il « ne savait rien, pas même sa propre ignorance » (Cie. Acad. l, 12) : différant d’ailleurs des Pyrrhoniens ou Sceptiques purs. en ce que, tout en contestant à l’homme le moyen de·constater la vérité, _il·admettait qu’elle existât. -- Car- 541 av. J.-C. néades, né à Cyrène, vers 213, fut le quatrième successeur d‘Arcésilas