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CONJURATION DE CATILINA 351 liance avec l’anarchie. On était revenu a un état de choses semblable à celui des temps de Cinna. Pendant que Pompée, à peu près comme Sylla naguère, dominait en Orient, Crassus et César s’eü'orçaient de créer en Italie une force opposante, à l’instar de Cinna et de Marius, mais bien décidés à s’en servir mieux qu’eux, s’il était possible. Fallait-il pour arriver au but, passer par le terrorisme et l’anarchie‘? Gatilina était leur homme. Na- turellement et par décence, ils restaient au second plan, et laissaient la plus laide besogne a des mains plus sales, comptant bien s’installer plus tard sur le terrain politique _ conquis. L’entreprise manqua : aussitot, chacun des nobles conspirateurs de cacher par tous les moyens son jeu de la veille. Enfin, quand plusieurs années après, le conspirateur d’aujourd’hui sera en butte à son tour aux complots, le voile s’épaissira de plus en plus sur ces , années sombres de la vie du grand homme: il aura meme _ · ses apologistes, qui écriront des livres pour lui L Depuis tantôt cinq ans, Pompée restait dans l'est, à la ` ' Je fais ici allusion au Catilina de Sallustepécrit par un oesarien 46 Av; J·-C- de profession, et publié en 708, soit pendant la régence de César, soit plutôt pendant le triumvirat de ses héritiers. Ce livre est tout un plaidoyer politique. L’auteur y parle à l`honneur du parti démocra- tique, devenu déjà le fondement de la monarchie romaine: il s'évertue` à aver la mémoire de César d’une noire flétrissure, et â montrer blanc comme neige l'oncle du triumvir Marc-Antoine (cf., par e_xemple, Sall. 59, avec Dion Cassius, 37 ,' 39). ‘De même dans Jugurtha, . Sallusle avait voulu mettreà uu les misères du régime oligarchique. et célébrer Gaius Marius, le coryphée de la démocratie. De ce qu’en · écrivain habile il a su dissimuler ses 'tendances apologétiques ou accusatrices, il ne s’ensuit nullement que ses livres, pour être admi- rables, ne soient pas des livres de parti.- [Nous renvoyons aux auteurs ‘ originauxnà Salluste, à Cicéron. à Suétone et à Plutarque (Vies de César. Cicéron. Crassus et Caton le Jeune). On lira de même et uti- lement le Catilina, de M. Mérimée (Paris, 1853) plus sévère pour César que i'empereur Napoléon Ill. Dans la vie de César (l, pp, 320- . 340) la conspiration n’est plus pour ainsi dire que politique : la guerre à la_société, incendies, meurtres projetés, tout cela est mis en question ou très-atténué, et la participation de César est niée. C’est là aller trop loin en faveur de son héros. .l’y relève aussi plus d’une pensée, plus d’une maxime qui fait songer aux événements de notre propre et moderne histoire (pp. 335, 339, 359, etc.) En revanche, _ le rôle de Cicéron, faible et inconsistant, me paraît justement . apprécié.] `