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28 LIVRE IV, CHAPITRE XI à en croire certains documents, purement approxîmatifs, et assez peu sürs dans leur estimation générale, ces guerres auraient enlevé de 400,000 à 450,000 citoyens, et 300,000 · hommes de condition italique. Je ne doute pas cependant que la ruine économique des classes moyennes n’ait pro- · duit encore un pire effet, jointe à l'extension prodigieuse · de l’émigration marchande, laquelle envoyait au dehors ` pour y passer ses plus actives années, la majeure partie de la jeunesse italienne. Dira-t-on qu’il y avait compensation Les ém,,g,,,5 dans l’immigration des étrangers libres? Immigration d’une °“"“"°‘ valeur plus que douteuse! Quelle estime faire de cette cohue parasite venue de Grèce et d’0rient, rois ou diplo- 4 mates, médecins, pédagogues, prêtres idolàtres, serviteurs, piqueurs d’assiette et autres, exerçant dans Rome les`mille et une variétés du métier de chevalier d'industrie et de fourbe, ou séjournant, trafiquants et mariniers, dans les ' ports d’0stie, de Pouzzoles et de Brindes?— Pour ce qui est des esclaves, leur nombre s’était démesurément augmenté . m a»—.J.·c. sur le sol italique. Le cens de l’an 684 y avait accusé L’z-zsclavage 940,000 hommes en état deporter les armes. Mais pour en mm avoir le total de la population libre, il faut y ajouter les . citoyens omis involontairement sur les listes, les Latins établis entre les Alpes et le Po, et les etrangers domiciliés A en'Italie : il en faut d'autre part déduire les citoyens romains fixés au loin. Tout calcul fait, on ne peut porter à plus de 4 6 ou 7 millions de tetes, le chiffre de la population libro de l’Italie. Que si l’on y croit à une densité égaleà celle de A nos jours, les esclaves en ce cas n’auraient pas compté moins de 43 ou 44 millions de tetes. Mais gardons-nous de tels calculs, trop facilement trompeurs. En avons-nous besoin pour constater la dislocation immense de la , machine sociale? Les insurrections serviles partielles ne parlent—elles pas assez haut? Des les premiers jours de la révolution, à la fin de toutes les émeutes, n’entend-on pas retentir l’appel aux armes des esclaves, et les promesses de liberté faites à quiconque se battra contre son maître?