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306 LIVRE V, CHAPITRE IV et contenue :,jamais·général ayant 'dans les mains de telles forces, ayant une liberté d’action absolue, n'a montré plus de sagesse et de prudence. De tous les côtés s’ouvraient a lui les plus éclatantes perspectives : il pouvait _ s’enfoncer dans le Bosphore cimmérien , ou marcher vers ` la mer Bouge : l’occasion s'offrait de déclarer la guerre aux Parthes: les provinces insurgées de l'Égypte l’invitaient à jeter à bas du trône le Ptolémée que Home n’avait pas reconnu, mettant par ce dernier acte à complète exécution le testament d’Alexandre de Macedoinel Il n’al|a pourtant ni à Panticapée, ni à Pétra, ni à Gtésiphon, ni à Alexandrie, et ne voulut récolter que les fruits en quelque sorte placés sous sa main. Ses batailles sur terre et sur mer,_il ne_ les engagea jamais qu’ayant pour lui la supériorité écra- sante des forces. Sa modération ne fut—elle que déférence exacte pour les instructions venues de Home, ainsi qu’il s’en vanta souvent? Obéissait-il à la sage conviction qu’il y avait nécessité de poser enfin la limite aux conquétes . de la République, mise en danger par ses agrandissements sans fin? S’il en était ainsi, l’histoire lui en ferait gloire, ` et le mettrait par là au-dessus·mème des plus habiles capitaines. Mais nous connaissons l'homme; et sa modé- ration pour nous n’est point autre chose qu’incertitude dans les décisions, et qu’absence d’initiative. Chose sin- gulière, dans les circonstances actuelles, Home tira plus d’avantage des lacunes de son caractere que des qualités contraires les plus brillantes chez ses prédécesseurs. D’ailleurs, et Lucullus et Pompée avaient tousles deux commis de graves fautes. Lucullus en fut aussitôt puni : ses imprudences lui firent perdre tout le gain de ses ‘ victoires: pour Pompée, ce fut sur les hommes qui vinrent après lui qu’il rejeta le fardeau de sa fausse politique au regard des Parthes. Deux partis étaient à prendre, ou leur faire la guerre, s’il se croyaitde force à la conduire, ou conclure avec eux la paix, et par suite proclamer définitive la frontière de l’Euphrate. Mais, trop pusillanime pour