Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/299

Cette page n’a pas encore été corrigée

POMPÉE- EN ORIENT · 295 · travers de la Mésopotamie: l’émir arabe de l’Osroène, Abgar, ’est reçu ·aux plus douces conditions parmi les clients de Rome, et la place d’Or0ur0s, dans la haute Mésopotamie, entre Nisibis et le Tigre, a 50 milles [alle- mands = 400 lieues] environ à l'est des gués de l’Eu- · phrate en Gommagène, est proclamée la limite orientale de l’empire de la République, de l’empire médiat, sans doute, car les Romains ont donné à l’Arménien avec la Gordyène la plus grande et plus fertile moitié de la Mésopo- tamie septentrionale. Ainsi ce n’est plus l’Euphrate, c'est le grand désert syro-mésopotamien qui sépare mainte- nant les Romains d’avec les Parthes; et encore il semble que ce ne soit que pour un temps. Aux ambassadeurs de ces derniers qui venaient demander l’observation du traité de frontière, traité resté purement verbal, Pompée ne répond que par une équivoque`: « l’empire de Rome . » s’étend aussi loin que son droit! » Et le commentaire de cette réponse, bientot on le trouve dans l’incroyable façon d‘agir du proconsul au regard des satrapes de Médie et de la province plus éloignée _d’Elymaïs (entre la Susiane, la Médie et la Perse, dans le Louristan actuel) *. ' Les gouverneurs de cette dernière région, montueuse, belliqueuse et écartée, avaient toujours visé à l'indépeu_- dance au regard du Grand-Roi : en recevant l’hommage que lui offrit à ce moment le dynaste local, Pompée ‘ Notre récit se base sur celui de Plutarque (Pomp. 36), lequel est corroboré par les détails fournis par Strabon (16, 'IM) sur la situa- tion du satrape d’Elymaïs. Mais c’est ornement pur que de faire figu- rer la Médie et Darius, son roi, sur la liste des rois et pays vaincus par Pompée (Diodor. fr. Valic. p. 140; App. Mil/zrid. 117): de là aussi le conte de la guerre de Pompée avec les lllèdes (Vellei. 2, LO; · App. Mithrid. 106, 114) et de sa marche sur Ecbataue (Orose, 6, 5). Impossible d’admettre qu’il y ait eu confusion avec la ville fafbuleuse du même nom située sur le Carmel. Je ne vois la qu’une de ces exa- gérations par trop malsonnantes auxquelles ont donné naissance les bulletins pompeux et équivoques à dessein de Pompée, lesquels transformèrent sa razziia au pays des Gétules (V, p. 342) en une expédition sur la côte de l`ouest de l'Al`rique (Plut. Pomp. 38), sa marche avortée contre les Nabatéens en une pointe conquérante sur Pétra, et son arbitrage relatif aux frontières d’Arménie en un report des frontières romaines jusque par delà Nisibis. _