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280 · LIVRE V, CHAPITRE IV guerre du roi du Pont à la grande expédition d’Hannibal. Comme si une telle pensée, héroïque chez l'homme de génie, n'était point folie chez tout autre homme! Les orientaux envahissant l’Italie, ce n’était la qu’une ridicule menace, qu’une infime et chimérique imagination du désespoir`! Le sang-froid et la prudence du général de Home ne s’y I trompèrent pas; et les Romains se gardèrent de courir en aventuriersapres leur. aventureux adversaire; Pourquoi s’en aller dans les régions lointaines de Crimée, au devant d'une attaque qui ne pouvait manquer de s’épuiser sur place, et que d’ailleurs on serait toujours à' temps de repousser au pied des Alpes? En effet, tandis que Pompée, ' sans se préoccuper davantage des menaces du géant im- ' puissant, préside à Yorganisation des territoires conquis, _ les destinées du vieux roi s’achevaient toutes seules au Ré,,,,,,, ,0,,,,,, fond des contrées du nord. Ses armements écrasaient les M“*‘“d““· peuples et révoltaient les riverains du Bosphore, dont il démolissait les maisons, ou faisait enlever et tuer les bœufs à la charrue, pour s’approvisionner de tendons et de bois destinés aux machines de guerre_. Les soldats ne voulaient point davantage d'une marche déses- pérée sur l’ltalie. Toujours, le roi avait- vécu entouré ` de soupçons et de trahisons: il n’avait pas le don d’éveiller chez les siens l’amour ou la üdélité._ Jadis il avait contraint Archélaos, son meilleur général, à chercher un asile jusque dans le camp des Bomains : pendant les campagnes de Lucullus, ses ofliciers les plus dignes de confiance, Dioclès, Phœnix, et les plus fameux parmiles émigrés romains, avaient dû l’abandonner pareillement : aujourd’hui que son étoile a pàli, et que malade, toujours irrité, il ne se laisse plus voir qu’à ses eunuques, les défections se succèdent plus vite encôre autour de lui. Castor, commandant de la place de Pkanagoiia (sur la cote d'Asie, en face deKertsck), donne le premier le signal de la révolte : il proclame que la cité est libre, et remet aux Bomains les fils du vieux sultan, quiy sont