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LA RESTAURATIONAPRÈS SYLLA 2l9 . veillance du prolétariat dans les provinces, et surtout en - 'Italie. Le chancre de l’esclavage a rongé jusqu’à la moelle les États de l'antiquité; et le mal était chez eux d’autant plus grand qu’ils avaient des fortunes plus hautes :- la puissance et la richesse, dans les conditions de leur éco- nomie sociale, amenait aussitot un accroissement démesure ` de l’institution servile. Il est tout simple des lors que Rome ait plus souffert par elle qu’aucun autre empire du monde ancien. Déjà, au v1•= siècle, le gouvernement avait · du faire marcher les légions contre les bandes révoltées des esclaves des champs et des pàtures. Le système des plantations ayant usurpé tout le terrain sous l’impulsion ` des spéculateurs italiens, la dangereuse armée s'était mul- 4 tipliée à l’infini: au temps des Gracques, au temps de . _ Marius, et non sans relation intime avec les révolutions d'alors, les insurrections d’esclaves s’étaient produites sur de nombreux points du territoire romain. La Sicile · avait été ravagée par deux sanglantes guerres (6l9 à 622: l35.l32av.J.-C. 652 à 654: V, pp. 16 ài 19: pp. 9l à 95). Les dix ans qui m_ lm suivirent la mort de Sylla ont été l’àge d’or et des flibus- tiers sur mer et des brigands sur terre, dans la péninsule italienne surtout, mal organisée, mal régie jusqu’ici. La . paix avait fui en quelque sorte. Dans Rome meme, et dans V les régions moins peuplées de l’Italie, tous les jours ·on volait, on assassinait tous les jours. C’est dece temps que . date, je suppose, un plébiscite spécial contre ces chasses U armées qui s’attaquaient aux hommes libres et aux esclaves : une nouvelle procedure sommaire est .édictée en matière d'usurpation violente des biens·fonds*. De tels crimes semblaient d’autant plus dangereux qu'ils étaient lc plus souvent commis par les prolétaires : mais les hautes ` classes en étaient moralement les instigatrices, et prenaient ‘ Mommsen fait ici allusion, je crois, à la lea: Aquilia (Dig. lX, tit. 2), qui punissait les délits qualifiés damnum injuria datum (V. Rein, Criminulr. der Rœm. (Droit crim. des Romains), p. 338 et suiv,). (le plébiscite avait eu pour auteur un«tribun du peuple du nom d’Aquilius.] U `