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LEPIDUS ET SEHTORIUS - 149 chef étranger. Mais avec la sûreté de son tact d’homn1e politique et de patriote, Sertorius, au lieu de se faire sim- plement le condottiere des Lusitaniens, se géra partout et autant qu’il était en lui comme un général et un légat romain en Espagne: c’était en cette qualité d’ailleurs qu'il . y avait eté envoyé, vingt ans avant, par les puissants d'alors. Des chefs de l’émigration il composa un Sénat qui devait aller jusqu'à 300 membres, diriger les affaires selon les formes usitées à Rome, et nommer les magistrats'. Dans son armée il voyait une armée romaine : les grades _ y appartenaient tous à des Romains. De méme, au regard des Espagnols, il était le proconsul de Rome, exigeant · d’eux, en vertu de sa charge, et des hommes et dessubsides. · Seulement, au lieu d’administrer despotiquement, selon l’usage, il faisait tout pour attacher les provinciaux à Rome et à sa propre personne. Son humeur chevaleresque lui rendit aisé de se familiariser avec les mœurs espagnoles: il 'enflamma la noblesse du pays d’un vif enthousiasme pour l’admirable capitaine, l’élu de son choix} là, comme · chez les Celtes, comme chez les Germains, la coutume vou- lant que le prince eût ses ]ïdèles,·on vit les plus illustres Espagnols jurer par milliers de suivrejusqu’à la mort leur _ général romain; et Sertorius eut en eux des compagnons d’armes plus sûrs mème que ses compatriotes et que les . hommes de son parti. Loin de négliger les superstitions ayant cours parmi les rudes peuplades du pays, il en sut tirer bon parti. C’était Diane, à l’entendre, qui lui envoyait ses plans tout faits, par une biche blanche, sa messagere! En somme il gouvernait avec douceur et justice. Aussi loin que son œil et son bras pouvaient atteindre, ses troupes étaient soumises à la plus sévère discipline : par- tout ailleurs n’infligeant que des peines allégées, il se ' ‘. ll faut du moins rattacher les premiers jalons posés pour l’orga- nisation de l’Espagne aux années 674, 675 et 676, alors même que 80. 79. 78 Vexécution complète appartiendrait pour bonne partie aux années ` av·J·-C· p0Sl.€|`lClll'€5. I