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140 LIVRE V, CHAPITRE 1 · furent la base de son énorme fortune, sans qu’il négligeut d’ailleurs les autres moyens de s'enrichir , élevant dans la capitale des constructions grandioses autant que pré- voyantes; s'intéressant avec ses affranchis dans les sociétés et les compagnies commerciales; tenant banque dans Rome l et hors de Rome, avec ou sans le concours de ses gens; pretant son or à ses collègues du Sénat, et entreprenant pour leur compte et selon l’occasion,_tantot des travaux, tantôt l’achat des colléges de justice. Pourvu qu’il y eut gain, il ne faisait point le renchéri. Au temps des proscrip- tions de Sylla, il demeura un jour convaincu d’avoir falsi- ce les terribles listes; et le dictateur, à dater de ce moment, ne voulut plus l’employer dans les affaires d’État. Tel testament ou il était nommé était-il de même entaché de V faux notoire, il ne s’en portait pas moins héritier; et il, fermait les yeux quand son régisseur avait expulsé ses riverains de leur terre par voie de fait ou d’usurpation tacite. Attentif d’ailleurs a ne point entrer en lutte ouverte avec le juge criminel, il savait vivre simplement, bour- I geoisement, en vrai homme d’argent qu’il était. C’est ainsi qu’en peu d'années on le vit, naguère possesseur d’un patri- moine sénatorial ordinaire, amasser de monstrueux trésors: peu de temps avant sa mort, malgré des dépenses impré- vues, inouies, on estima_it encore son avoir ài t70,000,000 sesterces (48,750,000 fr.). Il était deyenu le particulier le plus opulent de Rome, et comptait comme une puissance politique. S’il était vrai, selon son dire, que celui-là seul pût se dire riche, qui pouvait, sur ses revenus, entretenir aune armée sur le pied de guerre, il faut convenir qu’à l’heure meme cet homme cessait d’etre un simple citoyen. Et de fait, Crassus visa plus haut qu’à être le maître du coffre-fort le mieuxrem pli de Rome. Il n`était point de peine qu’il ne se donnàt pour étendre ses relations. Il savait appeler et saluer par leur nom_ tous les citoyens de la grande ville. 4 ·Jamais il ne refusa le plaideur invoquant son assistance devant la justice. Qu’importe que la nature eût fait de lui