LA CONSTITUTION DE SYLLA 385 _ changée, d’une lcmdwe/zr de milices qu’elle était d’abord, ' en un grand corps de soldats mercenaires, ignorant la fidé- lité envers la patrie, et fidèles envers le général, au cas seul _ où celui—ci a su se les attacher. Cette décadence totale de l’esprit militaire s’était manifestée bien tristement durant la guerre sociale. Là, six généraux, Albinus (p. 236), Caton (p. 237), Rufus (p. 253), Flaccus (p. 298), Cinna (p.'32»t) et Gaius Carbon (p. 340), avaient péri par la main du soldat. Sylla seul avait pu maîtriser les hordes danges reuses, mais en léchant la bride à leurs appétits furieux et en fermant les yeux plus qu’aucun général romain ne _l’avait I jamais fait. Mais à l'accuser de la ruine de l’antiqne·disci~ pline,` il y aurait à la fois injustice et inexactitude : en effet, parmi les magistratside Rome, il n’avait encore été donné qu’à lui de venir à bout de ses desseins militaires et - politiques, et le secret de son succès fut uniquement de s’étre fait, à son tour, condotiiere. En prenant la dictature r militaire, pourtant, jamais il n’avait eu la pensée d’assu- jettir la République à la soldatesque 1 il voulut, au con- traire, ramener et réduire toutes choses dans l’État, l'armée ‘ et les officiers tout les premiers, sous le coup du pouvoir civil. Aussi, le jour venanta se faire sur ses desseins, l’op- position leva la tète dans tout son état-major. Que l’oli- garchie joue à la tyrannie tant qu’elle le voudra envers le peuple! Mais s’attaquer à ses généraux, à ceux dont la bonne épée a relevé les siéges sénatoriauxrenversés; mais les forcer à l’obéissance passive envers le Sénat, voilà ce qui parait intolérable! Les deux lieutenants mémes en qui · Sylla avait·eu la plus entière confiance, se montrèrent récalcitrants. Lorsque Gnœus Pompée, qu’il avait chargé ` de la conquête de la Sicile et de l’Afrique et qu’il avait choisi pour gendre, reçut l’ordre du Sénat, sa mission étant terminée, d’avoir à licencier ses troupes, il refusa d’y ob- tempérer, et peu s’en fallu_t qu’il n’allâtt jusqu’à la révolte ouverte. Quintus Ofella,dont l'énergique persistance devant . Prœneste avait tant contribué au succès laborieux, mais v. 25
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