350 LIVRE IV, CHAPITRE X ' Sa fortune déjà relevée par ses premiers succès, il avait voulu traiter avec Lucius Scipion : seul, le parti révolu- tionnaire avait rompu les négociations, recommencé, a la dernière heure avant sa ruine,‘les plus hideuxmassacres, allant jusqu’à comploter l'anéantissement de Rome avec le vieil ennemi de la patrie. Aujourd’hui, la mesure était comble! A peine a-t-il pris la direction des affaires, qu’en vertu des pouvoirs à lui confiés, Sylla déclare ennemis publics et hors la loi tous les fonctionnaires civils et' militaires qui, après le traité suivant lui parfait et réguliè— A rement conclu avec Scipion, ont persisté à défendre la . révolution, et tous les citoyens qui se sont signalés par · l’ardeur de leur zële révolutionnaire. A qui tue un de ces hommes, non-seulement l’impunité est assurée, comme au bourreau, exécuteur légal de la sentence, mais il est promis une récompense de l2,000 deniers (3,600 t/zal. = ' 13,570 fr.) : sous les peines les plus sévères, il est défendu, ` même à leu rs proches, de prêter secours aux condamnés. · · Leursbiens, comme butin de guerre, échoientà l’État: ·leurs enfants et petits enfants sont exclus des honneurs politiques [cursus ltonorumj ; mais s'ils sont d’ordre sénatorial, ils demeurent tenus des charges incombant aux · sénateurs. Gesdernières dispositions s’appliquent aussi aux biens et à la postérité des hommes morts dans les combats et les camps révolutionnaires, dépassant en celala rigueur · des peines dont l’ancien droit même frappait les coupables qui avaient porté les armes contre la patrie. Et ce qu'il y eut de plus atroce dans le système de la terreur oligarchique, ce fut le vague même descatégories des proscrits. _ Listes Le Sénat _se fit l’organe d’une·remontrance, et Sylla essaya d° P'°"ü‘°ti°°' d’y remédier, en faisant publiquement aflicher les listes des condamnés ‘ et en les fermant pour dernier délai, à la si av. J.·c. date du.l¤r juin 673. Ces tables de sang excitèrent une juste horreur dans la foule; elles grandissaient tous les _ ‘ [De là le mot de proscriptio, proscription.]
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