L‘0RlENT ET MITHRIDATE 301 donnant ainsi du butin à ses soldats, et se rapprochant de l’Asie, où ·de toutes manières il entend aller régler ses comptes avec Fimbria. L’heure arrivée, il met en mouve- Sylla ment ses légions, réunies dans la Thrace, etsa Hotte cingle pam en Am · vers l’Hellespont. Mais Archelaos avait fini par arracher à son maître le consentement qui coûtait tant à l'orgueil de celui-ci. Ses elïorts pour·la 'paix n’en` étaient pas moins vus de mauvais œil à la cour, de Mithridate: on alla jusqu’à l’accuser de trahison; et bientot il dut quitter le Pont, et se réfugier chez les Romains, qui lui firent un accueil empresse et le comblèrent d'honneurs. De leur coté lessoldats romains murmuraient : le riche butin sur lequel ils avaient compté leur allait échapper. C’était là la vraie cause de leur mécontentement, bien plutot que l’impunité ' scandaleusement octroyée à ce roi barbare, à ce meurtrier de quatre-vingt mille de leurs frères, à l’auteur de tous les maux indicibles dont avaient souffert l’ltalie et l’Asie, et qui s’en retournait chez lui gorge de tous les trésors volés · à l’Orient. Je ne doute pas que Sylla lui—mème n’ait subi ` · 4 avecdouleur les nécessités du moment. Mais les compli- , cations de la politique interieure venaient malheureusement à la traverse de la mission bien simple de son généralat en Asie, et lui faisaient une loi, après ses grandes victoires, de se contenter· d'une paix telle quelle. Tout au` moins ` faut—il admirer son desintéressement et sa prudence, et _ dans la conduite de la guerre, et dans l’acte de conclusion · de la paix. La guerre, contre un prince à qui obéissaient à tous les rivages de la mer Noire, et dont les dernières négociations mettaient au jour l’opiniatreté superbe, aurait ` . 4 demandé à elle seule des années; et l’Italie, d’autre part, étant à deux doigts de sa perte, peut-etre était—il déja trop _ tard pour y conduire les quelques légions que Sylla avait dans les mains, et pour engager la lutte avec la faction _maitresse du pouvoir!* Mais avant de songer à partir, il ' \ ‘ La tradition arménienne fait aussi mention de la première
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