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mesures visiblement démocratiques dont ils furent les promoteurs ? Pourquoi ne faire que mentionner sans lui donner l'importance qu’elle comporte, et cela encore à l’occasion de la censure de Fabius qui en restreignit les effets, l’inscription des habitants non fonciers sur les listes civiques 1 ? Chose non moins remarquable, lors de la motion -300 av. J.-ï:. relative à la loi Ogulnia de 454, qui enlève aux patriciens leur dernier privilège, _le droit de fournir seuls le personnel, des grands sacerdoces, c'est encore Appius·Cœ¤uS qui lutte en tète du parti; c'est encore' en lui que s’in- carne, au dire de l'historien, la morgue jalouse de la noblesse, tandis qu’à Decius Mus sont réserves les honneurs du plus équitable liberalisme 2. un peu plus tard, aux élections consulaires de 458, le même _Appius nous est encore représente comme s’acharnant (iiwubuit) à faire nommer second consul,à coté de lui, Q. Fabius Bullianus, malgré la loi formelle. Ses efforts échouent par la modération seule de ce dernier 3. Pareille anecdote se lit dans ·le'Brutus'/·: la, Appius Llœcus, étant interroi et présidant aux élections, veut empécher le vote du peuple de se porter sur le plebeien M. Curius et raye son nom de la liste des candidats. Cette voie de fait est vengée par une nouvelle défaite du patriciat. Comment tenir ces deux incidents pour croyables ? Comment supposer la tentative ou la pensée d’une restauration au profit des patriciens, chasses successivement de toutes leurs positions et partageant le consulat avec les plebeiens, aux termes d’une loi que nul n’avait en le temps d'oublier ? En,vérité, c’est mal choisir son personnage que de prendre pour le bouc émissaire de l’aristocratie.le censeur de 442, l’irréconciliable ennemi des conservateurs, et de lui faire inconstitutionnellement patronner, en 458, la candidature de Fabius Rullianus, son successeur dans la censure et le redresseur de ses innovations, Faudrait-il donc croire ici à quelque conversion subite; providentielle et de celles qui font époque ?

Rapprochons toutes ces inconséquences des singulières contradictions dont fourmille aussi l’histoire du décemvir, de son procès et de son suicide en 283 (son nom que nous retrouvons vingt ans après sur les listes capitolines, semble

t Tit.-Liv., tt), 7. F Ibid., 10, 7 et suiv. 3 10,t5. 4 Cic., Brutus, 14, 55.