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elle n’a point subi non plus les obstacles artistiques, qui resserrèrent la comédie, par exemple, dans les sévères barrières de la censure théâtrale. Quand dans la société romaine choisie, la note d’infamie s’attache encore aux chanteurs de tréteaux (II, p. 294), les prosateurs, au contraire, ne sont en aucune façon mis au ban de l’opinion. La conséquence, c’est que la littérature de la prose, pour y être moins considérable et moins active que la poésie, y comporte le progrès selon des lois plus naturelles. Tandis que l’une est presque tout entière dans la main des hommes de basse condition ; tandis que parmi les poëtes fameux du temps, vous ne rencontrez le nom d’aucun Romain notable, à peine si parmi les prosateurs en citerait-on un seul qui n’appartienne pas à quelque famille sénatoriale. C’est dans le cercle même de la haute aristocratie, chez les consulaires, chez les anciens censeurs,, Fabiens, Gracques, Scipions, que cette littérature débute et grandit : par suite encore, les tendances conservatives, nationales, y persistent plus fortement que chez les poëtes. Néanmoins, dans ses branches même les plus importantes, dans l’histoire, par exemple, la prose n’échappe pas non plus à l’influence de l’hellénisme : celui-ci bientôt aussi la domine et l’entraîne, et dans le fond, et dans la forme.

Point d’histoire proprement dite à Rome, avant le siècle des guerres d’Annibal. Les notices des registres de la ville appartiennent aux archives officielles et non à l’art littéraire ; elles ne tiennent jamais compte de l’ensemble et de l’enchaînement des choses. Tandis que par un phénomène caractéristique du génie romain, l’empire de la République dépassait déjà de beaucoup les frontières de l’Italie ; tandis que la société éclairée, dans la ville, vivait en contact incessant avec les Grecs et leur littérature si prodigieusement féconde, ce ne fut cependant pas avant le milieu du vie siècle que se fit sen-