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l _ LA LITTÉRATURE ET L'ART i 249 . miles? On s’en rendra facilement compte, en se rappe- , lantnos appréciations su1· les mérites généraux et les ~ lacunes du talent d’Ennius, contemporain de la grande époque des guerres puniques. Avec tous les Italiens, il ` ressentit vivement lesimp1·essions populaires, et emporté _ par l’élan commun, il eut fréquemmentcette bonne for- tune d’atteindre à la simplicité des poëmes homé1·iques .: plus souvent encore, son,vers réfléchit .la solennité, . _la prudhomie romaines. Naturellement aussi, sa com- ' I position épique est absolument défectueuse ·: au fond, ilne put en resserrer l’appareil, singéniant après coup, parfois, à y intercaler quelque chant en l’ho11neu1· d'un l1é1·os ou d'un·patron que la postérité aurait sans lui A oublié. Le_s Annales, dans leur ensemble, n’ont.donc été ` , _ qu’une tentative avortée. ·Vouloir_ refaire une·`Ihade, _ · ` c'est condamne1· d’avance_tout le, plan de son œuvre;. et Ennius a le premier donné l’exemple de ces produc~ tions hybrides, moitié épopée, moitiéhistoiije, deces _ revenants littéraires qui se perpétuentjusqu’à nos jours, ' ne sachant pas`vivre et ne sachant pas mourir. Et pour# ` tant il a eu` un incontestable succès. Avec la meilleu1·e foi du monde il s'est,donné pour l`Homère romain, dei mômeque Klbpstock l'a fait plus tard en Allemagne :` ses contemporains, et plus qu’eux encore la postérité, 4 ont cru- naïvement en lui. Les générations qui suivirent . se transmettaient l'héritage d'une respectueuse admira- T tion pou1· le « père de la poesie romaine ; » et Quintilien, , _ l’élégant critique, a pu s'écrier un jour 2 « Bévérons p Ennius àl’égal des bois sacrés et antiques, ou les hauts , ` » chênes séculaires nous imposent moinsle sentiment ` » de leur beauté qu'uu religieux respect ‘! » Qu'on ne s’étonne pas d’un tel enthousiasme: le phenomènesest · l [Enniuim, sicutsaeros uetnstate lucas, adoremns, in qtulbus gmndia eîaptipnggipborn jam non tentant lzabent speciem, qncmtam religionem. `