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la pureté artistique et morale leur font défaut, et Aristophane est dans le vrai’ quand il reproche au grand tragique de ne pas savoir mettre une Pénélope sur la scène ! Quoi de_plus déplaisant que ses héros,’quand encore, et par trop souvent, ils ne provoquent pas le sourire ? Citerons-nous son triste —Ménélas, dans l’Helène; son Andromaque, son Electre, qui n’est qu’une pauvre paysanne, son Télèpihé, ce marchand infirme et ruiné? Mais dès que sa fable quittant les régions héroïques se rapproche davantage du terre à terre de la vie commune,_ des qu*elle descend des hauteurs tragiques pour se placer au seinde la famille et entrer presque dans le domaine dela comédie sentimentale, les effets les plus heureux se multiplient sous sa plume. Rappellerai-je ici l'Iphigenie en Aulide, l’Ion, et cette Alceste, la création- la mieux réussie·peut-être de son nombreux répertoire ? Ailleurs, mais avec moins de succes, Euripide s’attaque à l’intelligence de son auditoire,et veut le prendre par l’intéret de l’action. De la les complications; et les jeux de scène ! Tandis que l’ancienne,tragédie agit sur le cœur, c’est plutôt à la curiosité du spectateur que le drame nouveau s'adresse ; de là encore un dialogue raisonneur, affiné en pointes, et parfois insupportable à tous autres auditeurs qu’aux subtiles citoyens d’Athènes : de là ces sentences disposées comme les fleurs dans les plates·bandes d’un jardin; de là enfin tout cet appareil psychologique, qui n’a rien de commun avec les sensations sortant immédiatement .du sujet, et demande ses effets à l’observation et à la logique générales. Dans la Médée, le poëte a laprétention de copier au plus près la vie humaine : aussi l’héroïne n’oubliera-t·elle pas de prendre « de l’argent avant de se mettre en route ! ». Du combat terrible qui doit se livrer dans son âme entre l’amour maternel et la jalousie, le lecteur impartial ne