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Épiphane, singeant les Romains par profession et par gout (579-590), introduisit à la cour de Syrie les gladiateurs, jusqu’alors inconnus en Grèce (III, p. 36l). Son peuple, encore artiste et humain, retira de ces combats plus d’horreur que de joie ! Mais peu à peu il s’y accoutuma, et les gladiateurs firent aussi quelques progrès en Orient.

Tous ces changements dausles habitudes et les moeurs amenèrent, on le conçoit, une révolution économique non moins grande. La vie devint tousles jours plus enviée et plus chère dans la métropole. Les loyers s’y élevèrent à l’excès. Les articles du nouveau luxe s’y payaient à des prix extravagants : un petit vase de sardines de la mer Noire coûtait l,600 sesterces (120 thal., = 450 fr.), plus cher qu’un bon valet de labour : un jeune et bel esclave, 24,000 sesterces (l,800 thal. = 6,750 fr.), plus cher que bien des métairies. L’argent, l’argent seul, voilà le mot d’ordre pour tous, petits et grands ! Depuis bien des années en Grèce, nul n’obtenait rien pour rien : les Grecs en convenaient avec une naïveté peu louable; Apres la seconde guerre macédonienne, il en arrive de même à Rome, et l’imitation des Grecs est en cela complète. Il faut que la loi contraigne les gens au respect d’eux-mêmes; et un plébiscite défend à l’avocat de se faire payer ses services. Les juristes consultants font seuls exception, et s’honorent en se maintenant dans la vieille règle de leur office, spontané et désintéressé. Sans pratiquer le vol direct et brutal, on se croit permis tous les moyens tortueux qui aident à faire fortune : on pille et on mendie ; les spéculateurs et les entrepreneurs trompent et escroquent ; les usuriers et les accapareurs pullulent ; les liens moraux et purs de l’amitié, le mariage, s’exploitent en vue du gain. Le mariage, surtout, n’est plus qu’une affaire, des deux parts: les mariages d’argent sont chose de tous les