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1 166 i LIVRE III, CHAPITRE ,Xlll ` . I voyages de l'auteur dans de `merveilleux pays, rame- · naient les dogmes religieux au récit pur historique, · discutaient à fond les origines et les titres des légendes ` divines; etpour conclure,enseignaient,"qu’il n’y a pas - · _ et qu'il ne peut y avoir de_dieux. Une seule citation sulïit pour caractériser le livre. Le mythe de Kronos I- I dévorant ses enfants y est expliqué par Vanthropophagie des temps primitifs, à laquelle le roi Zeus aurait mis lin. ‘ ~ En dépit de sa sécheresse et de son symbolisme, ou plu- · . tot à cause d'eux, l’Evhe‘mérisme avait fait fortune en- Grèce bien plus qu’il ne le méritait; et 's’aidant des I _` autres philosophies ayant cours, avait recouvert de son · dernier linceul la religion expirée : témoignage remar-_. , quable de l’antagonisme de la religion et de la litté- rature nouvelle, antagonisme ayant tout d’abo1·d son ` i expression dans· la conscience publique et dans les _ ` i — livres. Ennius s'était donné la tâche de traduire en latin q les écrits notoirement destructeurs des deux auteurs _ grecs'. Devant la police de Rome, le traducteur se Z . justifiait en soutenant que ses attaques n’étaient dirigées « que contre les dieux de la Grèce, et non contre ceux · du‘Latium. Explication transparente et peu solidel . Caton était dans le vrai, quand il dechaînait toutes ses i. colères contre de tellés tendances, dès qu’il se rencon- s t1·aitavec elles, et ·quand il appelait Socrate un pertur- bateur desrmœursi unicriminel de lèse-religinnl · _ Sm,.Smm_ Ainsi l’antique et pieuse foi nationale allait visible· — ` menten déclinant: mais à mesure_qu’on défrichait les _ I grands arbres de la forêt primitive, le terrain se recou- I vrait d’un fouillis de buissons et de mauvaises herbes ' A ,·,,,,ému,, jusqu’al0rs inconnues. Les superstitions nées dans le pays', la fausse sagesse venue de l'étranger, se cou- l » · ‘ [M. Egger, entre autres, a publié les quelques fragments qui nous restent de l’Evhémere d’Ennius. — Latin. sermon. velustior. reliquiœ, pp. 154 et s.] ` ' ` I '