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LIVRE III, CHAPITRE VIII

en mettant fin aux brigandages des Spartiates sur terre et sur mer. Que si le gouvernement actuel tournait mal, il n’était plus incommode qu’aux siens, après tout. Et puis, n’est-il pas possible que Flamininus, qui connaissait bien Nabis, et savait mieux que personne combien son renversement eût été chose désirable, se soit néanmoins abstenu de le détruire, pressé qu'il était d'en finir au plus vite avec les affaires de Grèce, et craignant d’aller compromettre la gloire et l’influence des succès acquis dans les complications à perte de vue d’une révolution nouvelle? N’était-il pas de l’intérêt de Rome de maintenir dans l'État spartiate un contre-poids considérable à la prépondérance de l'Achaïe dans le Péloponnèse? Quoique, à dire le vrai, de ces considérations, la première n’aurait eu trait qu’à un détail tout accessoire; et pour ce qui est de Rome, je ne suppose pas qu’elle descendit alors jusqu’à craindre les Acheens.
Extérieurement, à tout le moins, la paix était constituée Organisation définitive de la Grèce entre les petits Etats de la Grèce. Mais l'arbitrage de Rome s’étendit aussi aux affaires intérieures des cités. Même après l’expulsion de Philippe, les Bœotiens continuèrent de faire parade de leurs sentiments macédoniens. Flamininus, à leur demande, avait autorisé ceux de leurs compatriotes jadis attachés au service du roi à rentrer dans leur patrie. Mais eux aussitôt, d’élire pour président de leur confédération Brachyllas, le plus entêté des fauteurs de la Macédoine, et d’indisposer le général romain de cent façons. Il se montra d’abord patient outre mesure: les Bœotiens de la faction romaine, effrayés du sort qui les attendait, une fois Flamininus parti, complotèrent la mort de Brachyllas. Flamininus, dont ils crurent devoir prendre d’abord l'attache, ne leur répondit ni oui ni non. Brachyllas fut assassiné. Alors le peuple, non content de