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que le roi captif a d’abord été pour les Carthaginois.

C’est alors que la faction de la paix, qui depuis seize ans se taisait, releva la tête dans Carthage, et rentra en lutte ouverte avec le gouvernement des enfants de Barca et le parti patriote. Hasdrubal, fils de Gisgon, est condamné à mort pendant son absence, et l’ou tente, d`obtenir de Scipion un armistice, puis la paix, Il exige l’abandon des possessions espagnoles et des iles de la Méditerranée, la remise de Syphax à Massinissa, celle des vaisseaux de guerre, n'en laissant plus que vingt à Carthage, et une contribution de 4,000 talents (près de 7 ,000,000.de Thal., ou 26,250,000 francs.) Ces conditions étaient tellement favorables qu’on peut se demander dans quel intérêt Scipion les avait dictées, celui de Rome ou plutôt le sien propre ? Les plénipotentiaires de Carthage. les acceptèrent sous réserve de la ratification de leur gouvernement, et une ambassade carthaginoise partit pour Rome: mais les patriotes n’entendaient point vider le champ à si bon marché. La foi en leur plus noble cause, la confiance dans leur grand capitaine,.l’exemple même que Rome leur avait donné, les encouragèrent a la résistance. D’ailleurs la paix n’allait-elle pas ramener leurs adversaires a la tête du gouvernement et les condamner, eux, à une perte certaine ? Parmi le peuple ils étaient sûrs de la majorité. Ils convinrent de laisser l’opposition négocier la paix : pendant ce temps, ils prépareraient un dernier et décisif effort. Ils envoyèrent à Magon et à Hannibal l’ordre de revenir sans délai. Magon, qui depuis trois ans (549-554), luttait dans le nord de l’Italie, y ressuscitant la coalition contre Rome, venait de livrer bataille dans le pays des Insubres à une double armée romaine, de beaucoup supérieure en nombre à la sienne. Il avait forcé pourtant la cavalerie ennemie à`reculer, et serré de près l’infanterie. Déjà l’habile général croyait tenir la victoire, quand une