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Ces graves paroles n’avaient pas peu contribué.à amener la paix de 557 entre Philippe et les Étoliens ; et ce à qui le prouve, ·c’est l’élection, quifs’en··ctait suivie, d'Agelaüs, comme Stratege de la ligue Étolienne. En Grèce, ainsi qu’à Carthage, le patriotisme souleva un instant les esprits; et il sembla possible d’entraîner tout le peuple hellène dans une guerre nationale contre Rome. Mais la conduite d’une telle guerre revenait de droit à Philippe; à Philippe, qui n’avait en lui-même ni l’ardeur ni dans sa nation la foi nécessaires pour la mener à bonne fin. Il ne comprit pas sa difficile mission : d’oppresseur qu’il était de la Grèce, il ne sut pas se faire son champion. Déjà-ses lenteurs à conclure l’alliance avec Hannibal avaient laissé retomber le meilleur et le premier élan des patriotes, et quand il entra enfin dans la lutte, moins que jamais il lui était donné, médiocre capitaine qu’il était alors, d’inspirer confiance et sympathie aux Hellènes.

216. Dans l’année même de la journée de Cannes (538), il fit une première tentative sur Apollonie, et échoua ridiculement, battant en retraite au premier bruit, non fondé, qu’une flotte romaine avait paru dans l’Adriatique. Sa rupture avec Rome n’était point encore officielle. Quand enfin elle fut proclamée, fous, amis et ennemis, s’attendaient à une descente des Macédoniens dans la basse Italie. Depuis 539, les Romains maintenaient à Brundisium une armée et une flotte pour les recevoir, Philippe n’avait pas de vaisseaux de guerre : il fit construire une flottille de barques illyriennes pour le transport de ses troupes. Mais au moment décisif, il prit peur, n’osa affronter les quinquérèmes en pleine mer ; et manquant à l’engagement pris envers Hannibal de se porter en armes sur la terre italienne, il se décida, pour faire au moins quelque chose, à aller attaquer les possessions de la République en Épire (540). C'était