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l’exemple : elle enrôle toute la population virile, même les adolescents. Elle arme les débiteurs contraints par corps, et les criminels ; elle achète huit mille esclaves et les met en ligne. Les armes manquaient, on prend celles déposées dans les temples et offertes aux dieux comme dépouilles de l’ennemi : partout les ouvriers et forgerons travaillent nuit et jour. Le Sénat se complète, non point comme l’auraient voulu de timides patriotes, en y admettant des Latins, mais en y appelant les citoyens les mieux qualifiés légalement. Enfin, quand Hannibal offre de rendre ses prisonniers moyennant rançon publique, on rejette ses propositions ; ses envoyés, chargés aussi d’apporter les vœux des Romains captifs, ne sont pas même reçus dans la ville. Le Sénat ne veut pas qu’on puisse croire qu’il songe à la paix. Les alliés sauront que Rome ne transigera jamais ; et le moindre citoyen verra que, pour lui comme pour tous, il n’y a ni salut ni fin de la guerre à attendre, hormis dans la victoire.