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L'ÉGALITÉ CIVILE

que dans les comices par tribus, on assurait l’avantage aux possessionnés, dans les comices centuriates, où il suffisait de précautions bien moindres, les riches y ayant déjà la prédominance, on se contentait d’empêcher les affranchis de nuire. Mesures sages et modérées, tout ensemble, et méritant à leur auteur, dans les œuvres de la paix, ce surnom de Grand (Maximus), que déjà lui avaient valu ses exploits dans les œuvres de la guerre. Désormais le service militaire pèsera aussi, comme de juste, sur les citoyens non possessionnés ; et, d’un autre côté, il est mis obstacle, dans l’État, à l’influence croissante des anciens esclaves : il en faut venir là, et fatalement, dans toute société où l’esclavage existe. Enfin, l’établissement du cens et des listes civiques avait insensiblement conféré au censeur une juridiction spéciale sur les mœurs ; il excluait du droit de cité tous les individus notoirement indignes, et maintenait ainsi intacte la pureté de tous dans la vie privée et dans la vie publique.

Le peuple voit ses attributions augmentées.Les attributions et la compétence des comices manifestent une tendance certaine à s’accroître par degrés. Nous ne ferons que rappeler ici l’augmentation du nombre des magistratures conférées à l’élection populaire : notons surtout les tribuns militaires, qui, jadis nommés par le général, sont, en 362 av. J.-C.392, désignés par le peuple, dans une seule légion : après 301 av. J.-C.453, nous en voyons quatre nommés par lui dans chacune des quatre premières légions. À l’époque où nous sommes, les citoyens ne s’immiscent pas dans le gouvernement, mais ils retiennent avec persistance leur juste droit de voter la déclaration de guerre : ce droit leur est reconnu, même au cas d’une longue trêve conclue au lieu d’une paix définitive, parce qu’en réalité c’est une guerre nouvelle qui recommence à l’échéance du terme 427 av. J.-C.(327). Hors de là, nulle question d’administration ne leur est soumise,