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CHANGEMENTS DANS LA CONSTITUTION

elle obéissait à des convenances administratives plutôt qu’aux exigences d’un parti politique. Aussi faut-il croire que des divers antagonismes que nous avons signalés, celui qui le premier anima une crise intestine et une nouvelle réforme, fut précisément dû au besoin de limiter les pouvoirs du magistrat. L’opposition, à Rome, débuta donc par ôter à celui-ci la durée viagère de sa fonction, ou, si l’on veut, par supprimer la royauté. C’était là le résultat naturel des choses : il se propage, ce qui rend la démonstration plus complète, dans tout le monde Italo-grec. Partout : et à Rome, et chez les Latins, et chez les Sabelliens, les Étrusques et les Apuliens, dans toutes les cités italiques enfin, comme dans les cités grecques, des magistrats annuels remplacent tôt ou tard les magistrats à vie. En Lucanie, le fait n’est pas douteux, on voit un gouvernement démocratique fonctionnant en temps de paix ; et, en temps de guerre, les magistrats élisant un roi, ou, si l’on veut, un chef pareil au dictateur de Rome. Les villes sabelliennes comme Capoue et Pompéïa, par exemple, obéissent aussi, un peu plus tard, à un curateur annuellement remplacé (medix tuticus)[1] ; et dans les autres contrées nous trouverions une institution analogue. Inutile dès lors, de s’enquérir davantage des motifs qui ont fait mettre les consuls romains à la place des rois : ce changement était pour ainsi dire dans les conditions organiques et naturelles des systèmes grecs et italiens. Mais si simple qu’en ait été la cause, l’occasion de la réforme a pu varier. Tantôt ce fut à la mort d’un roi que l’on décida qu’un roi nouveau ne serait pas élu : déjà après Romulus, le sénat romain avait tenté cette révolution. Tantôt c’était le roi lui-même qui abdiquait : Servius

  1. [Tit. Liv. xxiv, 19, 2 : et xxvi, 6, 13. — Meddix apud Oscos nomen magistratus est. Festus, p. 123, éd. Müll.Tuticus semble analogue à totus, summus. V. Tit. Liv., xxvi, 6, 13.]