Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 2.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80
LIVRE II, CHAP. III

tocratique et gouvernante, toujours trop faible au regard de ses propres membres, toujours empêchée par des intérêts égoïstes de caste, demeura impuissante à user du seul remède efficace qui s’offrait, l’abolition complète, sans réserve, du système des occupations domaniales. Mais alors, seulement, les classes moyennes auraient cessé d’avoir à se plaindre et le gouvernement, surtout, n’aurait plus encouru le reproche d’exploiter à son profit la misère et l’oppression des gouvernés.

L’accroissement de la domination romaine favorable à l’élévation des classes rurales.Les succès de la politique de Rome, au dehors, et la consolidation de sa domination dans toute l’Italie, apportèrent d’ailleurs aux basses classes des ressources plus grandes que le parti du gouvernement n’aurait pu ou voulu les donner. Les colonies importantes et nombreuses (pour la plupart fondées au cours du ve siècle), en même temps qu’elles assuraient le maintien des pays conquis, procuraient aussi au prolétariat agricole, soit des établissements sur les nouveaux territoires, soit même des facilités ouvertes, sur le sol ancien, par les vides de l’émigration. L’accroissement des revenus indirects et extraordinaires, la situation prospère du Trésor permirent aussi de n’avoir que rarement recours à l’emprunt forcé, levé par voie de contribution sur le peuple. Que si la petite propriété semblait irrévocablement perdue ; la somme du bien-être allant croissant dans Rome, les grands propriétaires de l’ancien temps descendaient peu à peu à un rang moindre et apportaient un contingent nouveau à la classe moyenne. Les occupations concédées aux grands s’étendirent de préférence sur les territoires nouveaux. Les richesses, accumulées dans Rome par la guerre et le commerce, poussèrent à la réduction du taux de l’intérêt. L’accroissement de la population urbaine offrit un plus vaste marché à la production agricole du Latium tout entier ; l’incorporation prudente et systématique d’un certain nombre de cités