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L'ÉGALITÉ CIVILE

jugé à son créancier, fut abrogée par une disposition nouvelle, exigeant le concours d’un véritable jury pour statuer sur le sort du débiteur ( nexus). Toutes ces réformes légales avaient assurément leur importance ; elles adoucissaient, çà et là, quelques misères mais le mal trop invétéré, persiste, et nous voyons établir, en 352 av. J.-C.402, une commission financière chargée de régler tout ce qui tient au crédit, et de faire des avances à la caisse de l’État. En 347 av. J.-C.407, les termes de payement sont de nouveau fixés législativement ; plus tard encore, en 287 av. J.-C.467, éclate une dangereuse révolte : le peuple, qui n’a pu s’entendre avec ses adversaires sur les facilités nouvelles sollicitées dans l’intérêt des débiteurs, se retire sur le Janicule. Il ne faut rien moins qu’une agression de l’ennemi du dehors pour ramener la paix dans la cité. Il y aurait pourtant injustice à reprocher leur insuffisance à tant de sérieuses tentatives pour empêcher l’appauvrissement des classes moyennes. Rejeter un remède partiel, par cela seul qu’il est partiel, tandis que le mal est radical, voilà bien le texte dont s’emparent les meneurs de bas étage pour le prêcher aux simples et aux ignorants ! Insensés eux-mêmes, quand ils parlent ainsi ! Ne pourrait-on pas se demander vraiment si ce n’était pas là un prétexte spécieux, il est vrai, à l’usage de la mauvaise démagogie ; et si, en réalité, il était absolument nécessaire de recourir à des moyens aussi tranchés, aussi dangereux que l’imputation des intérêts sur le capital, par exemple ? Nous n’avons pas assez de preuves entre les mains pour trancher le litige. Tout ce qui ressort manifestement, c’est que la condition économique des citoyens des classes moyennes était chaque jour plus menacée et plus pénible : c’est que d’en haut l’on tenta de nombreux autant qu’inutiles efforts, pour leur venir en aide, tantôt par les prohibitions de la loi, tantôt par des mesures moratoires ; c’est qu’enfin la faction aris-