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L'ÉGALITÉ CIVILE

vaient par là leur consécration légale. Ajoutez à cela que les lois Liciniennes avaient omis de remplacer, par des moyens de perception plus rigoureux et plus sûrs, le mode jusque-là si mal suivi pour la levée des redevances de pâture, et, des dîmes : on ne procéda ni à la révision nécessaire, pourtant, des possessions, ni à l’institution d’un fonctionnaire spécial préposé à l’exécution des lois domaniales nouvelles. Partager à nouveau les terres occupées, entre les détenteurs actuels avec la règle d’un maximum de contenance, d’une part, et les plébéiens non propriétaires, de l’autre ; les leur abandonner en toute propriété ; abolir les occupations pour l’avenir ; instituer une magistrature ayant mandat de procéder de même au partage de tous les territoires à conquérir ; c’était là des mesures que la situation indiquait. De ce qu’elles n’ont point été prises, il ne faut pas conclure, loin de là, que leur opportunité ait passé inaperçue. N’oublions pas que les lois nouvelles furent votées sur la proposition de l’aristocratie plébéienne, c’est-à-dire d’une classe intéressée, en partie, au maintien du monopole usager sur le domaine. Le promoteur de ces lois, Gaius Licinius Stolon, fut le premier à les enfreindre ; il se vit, peu après, lui même, condamné pour détention de parcelles outrepassant le maximum. Je me demande, en vérité, si le législateur a été de bonne foi, et si ce n’est point à dessein qu’il s’est écarté de la seule route qui conduisît facilement, et dans l’intérêt de tous, à la solution complète de la question agraire. Je reconnais d’ailleurs que, telles qu’elles étaient, les lois Liciniennes pouvaient être de quelque secours, et qu’au fond elles furent utiles à la cause du petit paysan et du petit journalier. Enfin, dans les temps qui suivirent leur mise en vigueur, nous voyons du moins les magistrats tenir assez sévèrement la main à la règle du maximum, et frapper souvent de fortes amendes les