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LIVRE II, CHAP. III

aussitôt impossible, toute la machine du gouvernement républicain menaçait de crouler. Aussi, la conservation, plus que cela, l’accroissement de la classe moyenne, et surtout des petits citoyens ruraux, était-elle pour tout patriote, homme d’État, une grande et noble tâche, la plus grande de toutes. Quant aux plébéiens, appelés depuis la veille à participer au pouvoir, ils se devaient d’autant plus à une telle entreprise, qu’ils tenaient en grande partie leurs droits politiques actuels des mains de ce prolétariat si malheureux, et qui n’espérait qu’en eux du secours. La saine politique et la loi morale leur commandaient de venir en aide aux basses classes, par tous les moyens administratifs dorénavant à leur disposition. — Examinons donc si, et jusque dans quelle mesure, la législation récente de 367 av. J.-C.387 leur avait apporté un soulagement sérieux. Dès qu’il s’agissait, d’empêcher la grande culture, desservie par les troupeaux d’esclaves, et d’assurer leur part aux pauvres prolétaires, Les lois Liciniennes.les prescriptions des lois Liciniennes, en faveur des journaliers libres, restaient manifestement inefficaces. Pour remédier tout à fait au mal, il aurait fallu remanier jusque dans ses fondements toute la société civile : or, la pensée seule d’une telle réforme dépassait de beaucoup l’horizon de ces temps. Au contraire, il eût été facile d’améliorer le régime du domaine de l’État ; mais, l’on n’y fit que quelques changements sans portée. Ainsi, lorsque le règlement nouveau portait jusqu’à un maximum élevé le nombre des têtes de bétail que les possesseurs de troupeaux avaient la faculté de mener sur les pâtures, et autorisait les occupations des parcelles arables, il conférait tout simplement au riche une part privilégiée, et peut-être déjà disproportionnée, sur les produits de ce même domaine. Tout astreintes à la dîme, toutes révocables à volonté qu’elles étaient, les possessions domaniales, et le système des occupations lui-même rece-