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L'ÉGALITÉ CIVILE

ment de sa condition sociale, ne voyant plus devant lui que la ruine, fit mine de se refuser à une nouvelle déclaration de guerre. Le sénat, alors, se décida tout d’un coup à une concession importante : il mit à la charge du Trésor, ou, si l’on veut, il préleva sur les revenus publics indirects et sur le produit des domaines la solde des soldats, acquittée jusque-là par les contributions des Tribus 406 av. J.-C.(348). Le tribut (tributum) ou taxe générale ne dut plus être payé qu’en cas d’insuffisance des deniers de l’œrarium (trésor) ; et encore était-il considéré comme un emprunt forcé, remboursable plus tard des deniers publics. Le moyen était sage et équitable : mais, pour être efficace, il eût fallu mettre le domaine en valeur et remplir ainsi les caisses du Trésor. On n’en fit rien, et les classes pauvres eurent à subir, à la fois, et les charges plus onéreuses du service militaire, et l’impôt accru et plus fréquent. Pour être prélevé à titre de simple avance, il ne leur en apportait pas moins la misère.

Alliance de l'aristocratie plébéienne et du peuple.Un jour enfin, exclue jusqu’alors des bénéfices de l’égalité politique par la résistance des nobles auxquels l’indifférence du peuple était venue en aide, l’aristocratie plébéienne scella le pacte d’alliance avec la foule malheureuse, isolée et impuissante en face du patriciat. Des rogations, portées devant l’assemblée par les tribuns Gaius Licinius et Lucius Sextius, furent converties en des loisLois Liciniæ-Sextiæ. portant leur nom, qui, abolissant les tribuns consulaires, disposèrent en même temps que l’un des deux consuls serait à l’avenir plébéien ; que l’entrée dans l’un des trois grands collèges sacerdotaux, celui des décemvirs sacrés, chargés de la garde des oracles sibyllins (les anciens duumvirs, duoviri, aujourd’hui portés à dix, decemviri sacris faciundis, I, p. 242), serait également ouverte aux plébéiens ; qu’en ce qui touche le domaine, nul citoyen ne pourrait plus mener sur les communaux