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CHAPITRE PREMIER

CHANGEMENT DANS LA CONSTITUTION. — LE POUVOIR DES MAGISTRATS DIMINUÉS.



Antagonismes politiques et sociaux dans Rome.La forte idée de l’unité et de la toute-puissance de l’État dans les choses d’intérêt public, ce principe fondamental des constitutions italiques, mettait dans la main du chef unique, et nommé à vie, un pouvoir redoutable, pesant aussi bien sur les régnicoles que sur les ennemis du dehors. L’abus et l’oppression étaient au bout : pour y parer, il fallut en venir à limiter ce pouvoir. Les révolutions et les réformes ont eu cela de remarquable à Rome, que jamais elles ne portèrent atteinte au droit suprême de l’État, et qu’elles ne voulurent pas le moins du monde lui ôter ses représentants véritables et nécessaires. Elles ne revendiquent pas contre lui les soi-disant droits naturels de l’individu ; et la lutte ne porte que sur les formes même de la fonction représentative. Depuis les Tarquins jusqu’aux Gracques le cri de ralliement des progressistes n’est pas tant la limitation des pouvoirs de l’État, que la limitation des pouvoirs du fonctionnaire. Jamais ils n’oublieront que le peuple, au lieu de régner, doit être régi.

Le combat se concentre à l’intérieur parmi les citoyens. A côté, se fait sentir un second mouvement parallèle, celui