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CHAPITRE III

L'ÉGALITÉ CIVILE. — LA NOUVELLE ARISTOCRATIE.



Les agitations tribunitiennes avaient eu leur cause dans les inégalités sociales bien plutôt que dans les inégalités politiques ; et l’on doit supposer que la plupart des riches plébéiens, admis dans le sénat, étaient hostiles au peuple non moins que les patriciens purs : ils profitaient, comme ceux-ci, des privilèges contre lesquels se portait le mouvement ; et bien que, sous d’autres rapports, ils se vissent, eux aussi, repoussés au second rang, il leur eût semblé tout à fait inopportun de faire valoir leurs prétentions aux magistratures publiques, au moment où le sénat tout entier se voyait menacé dans ses prérogatives et sa puissance financière. Ainsi s’explique leur réserve pendant les cinquante premières années de la république. L’heure n’avait point encore sonné de revendiquer l’égalité civile et politique entre les ordres.

Mais l’alliance, entre le patriciat et les plébéiens riches, n’avait pas pour soi les garanties de la durée. Bon nombre de familles considérables, parmi les plébéiens, étaient tout d’abord entrées dans le parti du mouve-