révolution fermentait dans les esprits, elle éclata bientôt. On sait l’inique sentence d’Appius dans le procès fait à la fille du centurion Lucius Virginius, fiancée de l’ex-tribun Lucius Icilius. Revendiquée comme esclave par un adversaire aposté, Appius la condamne et l’arrache à sa famille, lui ôtant et ses droits et sa liberté. Le père la soustrait au déshonneur qui l’attend, en lui enfonçant en plein Forum un couteau dans le sein. Mais pendant que le peuple stupéfait de cet acte inouï entoure et contemple le cadavre de la belle et jeune victime, le décemvir ordonne à ses licteurs d’amener devant son tribunal où il les jugera sans appel, et le père et le fiancé qui ont osé enfreindre ses ordres. La mesure était comble. Protégés par la fureur des masses, Virginius et Icilius échappent aux appariteurs du despote ; et, pendant que dans Rome le sénat hésite et tremble, ils se montrent dans les deux camps, avec les nombreux témoins de la tragédie de la veille. Ils racontent le crime monstrueux d’Appius : tous les yeux s’ouvrent : voient l’abîme où vont tomber les garanties nouvelles de la loi, si la puissance tribunitienne ne veille pas à leur maintien ; et les fils alors refont l’œuvre de leurs pères. Les armées quittent derechef les généraux, elles marchent sur Rome, traversent militairement la ville, vont de nouveau sur le Mont-Sacré, et renomment des tribuns. Les décemvirs s’obstinant dans le refus de leur démission, les soldats rentrent dans Rome, les tribuns à leur tête, et campent sur l’Aventin. La guerre civile, la guerre des rues est imminente ! À la dernière heure enfin, les décemvirs déposent les pouvoirs qu’ils ont usurpés et qu’ils déshonorent ; et Lucius Valerius et Marcus Horatius se font les intermédiaires d’un second pacte, aux termes duquel le tribunat sera rétabli. Les décemvirs sont poursuivis : les deux plus coupables Appius Claudius et Spurius Oppius s’ôtent la vie dans leur prison ; les huit au-
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LIVRE II, CHAP. II