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LIVRE II, CHAP. II

duite d’Appius Herdonius (en 400 av. J.-C.294). Ils avaient appelé les esclaves aux armes : il fallut un combat acharné et, des secours rapidement amenés par les gens de Tusculum, pour briser l’effort de ce précurseur de Catilina et de ses bandes. Bon nombre d’autres faits contemporains, toujours dénaturés par les chroniques mensongères des familles romaines, portent le cachet des mêmes haines et du même fanatisme : tels sont, la suprématie un instant conquise par les Fabiens, qui donnent régulièrement à Rome l’un de ses deux consuls, pendant les années qui vont de 485-479 av. J.-C.269 à 275 ; la réaction qu’ils soulèvent ; leur expatriation et leur destruction par les Étrusques, sur les bords de la Crémère[1] 477 av. J.-C.(277). C’est à la suite de cette querelle, peut-être, que l’un des consuls, tout au moins, se vit privé du droit, acquis à tous les magistrats jusque là, de désigner son successeur à l’élection du peuple (vers 481 av. J.-C.273). Citons un fait odieux encore, le meurtre du tribun Gnœus Genucius, qui avait osé demander compte de leur conduite à deux consulaires, et qui fut trouvé sans vie dans son lit le matin même du jour fixé pour l’accusation 473 av. J.-C.(281). Ce crime fut aussitôt suivi du vote de la loi Publilia 471 av. J.-C.(283), simple plébiscite que les nobles n’osèrent pas combattre. Nous ne savons pas si c’est elle qui a porté les tribuns de deux à cinq, ou si déjà ce dernier nombre existait légalement : dans tous les cas, elle a retiré leur élection aux curies, pour la donner aux tribus (comitia tributa) : accroissant d’autant plus la puissance tribunitienne, que désormais les tribuns sont nommés par les comices même dont la convocation leur appartient exclusivement.

Loi agraire de Spurius Cassius.Mais tous ces incidents de la querelle des partis sont rejetés dans l’ombre par un événement d’une bien autre portée dans ses conséquences ; j’entends parler de la ten-

  1. [Aujourd’hui l’Acqua-Traversa, en Étrurie, non loin du bourg actuel de Baccano.]