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LIVRE II, CHAP. II

guerre civile. La ruine était au bout pour comme pour tous ; et le sénat dut céder. Le dictateur, négocia une réconciliation : les citoyens revinrent dans la ville : la concorde et l’union semblaient rétablies. Alors, le peuple décerna à Manius Valerius le surnom de « Très-Grand » (Maximus) ; et il donna le nom de Mont Sacré, à la colline de l’Anio, illustrée par la sécession. Qu’on ne nie, pas la puissance et la grandeur des faits. C’est chose remarquable que cette révolution commencée par la foule, sans chefs pour la conduire que ceux que le hasard lui donne, et accomplie par elle sans une goutte de sang versé. Le peuple était fier d’une telle victoire, et en garda la mémoire. Ses résultats se continuèrent jusque pendant de longs siècles ; elle a enfanté le tribunat populaire.

Tribuns du peuple et édiles.À côté des dispositions transitoires qui portaient remède à la misère profonde des débiteurs, on ouvraient une issue à de nombreux citoyens envoyés dans plusieurs colonies nouvelles le dictateur publia, en la forme constitutionnelle, une loi des plus importantes ; et de plus, pour donner aux sécessionnistes un gage d’amnistie au lendemain de leur manquement au serment militaire, il en fit jurer le maintien par tous les membres de la cité, individuellement ; puis, il la fit déposer dans un temple[1] sous la garde et la surveillance de deux fonctionnaires expressément désignés par le peuple, les deux édiles (œdiles ou gardiens des édifices). Cette loi instituait en face des deux consuls patriciens, deux tribuns plébéiens élus par les curies. Leur pouvoir cessait hors de la ville, où seul avait force le commandement militaire des dictateurs ou des consuls (imperium) : mais à l’intérieur, en face des attributions civiles et régulières, telles que les exerçaient aussi les

  1. Tit.-Liv. 3, 55. — Dans le temple de Cérès, d’abord.