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LIVRE II, CHAP. II

dans l’administration, que la protection de ses intérêts matériels. Et de fait, durant les premiers temps qui suivent l’expulsion des rois, nous assistons à des mesures économiques dont le but apparent ou réel est de gagner l’homme du peuple au parti des nobles : les droits des douanes maritimes sont abaissés : quand les céréales sont chères, il en est fait de grands achats pour le compte de l’État : le commerce du sel est monopolisé, pour livrer aux citoyens et les blés et le sel à prix réduit ; enfin, la grande fête populaire est allongée d’un jour. Il faut assigner la même cause aux prescriptions nouvelles relatives aux peines pécuniaires, et dont il a déjà été parlé (p. 10) : elles n’ont pas seulement pour effet d’enfermer dans des barrières plus étroites le droit si dangereux du magistrat dans les matières de police ; elles sont également remarquables par les ménagements qu’elles comportent en faveur des petits et des humbles. Le magistrat ne peut pas condamner, dans le même jour, le même individu à l’amende de plus de deux brebis ou de trente boeufs, sans lui ouvrir la voix de l’appel (provocatio). Pourquoi ces chiffres ainsi précisés, si ce n’est que, pour le pauvre, qui ne possède que quelques brebis, il convenait de fixer un autre maximum que pour le riche propriétaire de troupeaux de bêtes à cornes ? Combien n’y-en a t-il pas, parmi nos législations modernes, qui devraient prendre exemple sur ces distinctions que commande la richesse et le dénuement du condamné ? Quoi qu’il en soit, tous ces règlements ne touchaient qu’à la surface : au fond, le courant se portait dans un sens opposé. Par la réforme républicaine, le système financier et économique subit une transformation absolue. La royauté, vraisemblablement, n’avait pas prêté faveur, en principe, à la puissance des capitaux ; elle avait poussé de toutes ses forces à l’accroissement du nombre des propriétés rurales. La noblesse nouvelle, au con-