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·· Cornelius Lucius Scipion, Barbatus, fils de Gnzuus, homme brave et sage, dont la beauté fut égale à la vertu. Il fut chez vous consul, censeur, édile : il prit Taurasia et Cisauna dans le Latium. Il soumit toute la Lucanie, et emmena des otages! ¤

L’éloge de ce capitaine et homme d'État ne se peut-il pas sans difficulté appliquer à une foule d'autres person- ' nages, qui, comme lui, ont été à `la tête des affaires de V la République; qui, comme lui, furent nobles et beaux, V braves et sages comme lui? Mais des uns comme ·des autres il,n’y avait rien de plus à dire! Nous aurions tort . de reprocher à l’l1istoire de ne nous avoir pas transmis les portraits de- tous ces C0)'7Z(!'if67lS,i Fabiens, Papiriens! Tout sénateur 'romain , quel qu’il soit, vaut ses autres collègues ; il est ce qu’ils sont, ni meilleur ni pire. Nulle nécessité, nul profit à ce qu’un citoyen dépasse les autres, à ce` qu’il se distingue ou par sa vaisselle d’argent, ou par le poli de son éducation à la grecque, ou par sa sagesse ou sa perfection ! Le censeur punit de tels excès : ils sont contraires à la constitution ! La Rome de ce temps n’est point faite pour un seul : ne faut-il pas que tous les citoyens se ressemblent, pour que chacun d'eux puisse être << pareil à un roi ? »

Quoi qu’il en soit, l'individualité grecque tente aussi de se faire jour à Rome ; et jusque dans l’antagonisme original et puissant que nous venons de décrire, on retrouve l’empreinte profonde de la grande époque ou nous sommes arrivés. Nous ne nommerons qu’un seul homme, celui en qui s’incarne la pensée même du progrès. Censeur en 442, consul en 447 et en 458, Appius Claudius, l’arrière petit-fils du décemvir, appartenait à la plus fière noblesse de Rome. Il livra les derniers combats pour la défense du patriciat et de ses privilèges surannés : il inspira les derniers efforts faits pour écarter les plébéiens du consulat. Nul enfin ne lutta avec plus de fougueuse passion contre les précurseurs du parti po-