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des traités d’amitié et de commerce avec Rhodes ; puis, à peu de temps de là, avec Apollonie. A peine se voit-elle débarrassée de Pyrrhus, qu’elle se rapproche de Syracuse (p. 228), créant aussitôt, par cette utile alliance, un embarras et un danger pour Carthage. Résumons-nous. La puissance continentale des Romains a marché à pas de géants : sa marine est restée bien en arrière, eu égard surtout à la situation géographique et commerciale de la métropole. Mais voici qu'elle ressuscite à son tour, et qu’elle sort enfin de l’état d’abaissement ou elle était tombée vers l’an 400 : voici que Rome accapare les ressources et les moyens d'action qu’elle trouve chez les peuples conquis de la Sud-Italie ; et ses progrès tiennent justement éveillée désormais la sollicitude jalouse des Phéniciens de la côte africaine.

Ainsi donc la crise approche ; et, terminée sur terre, la lutte recommencera pour l’empire des mers ! En attendant, l’Italie propre ne fait plus, à vrai dire, qu’un seul Etat, sous la domination de Rome. Quels droits politiques avaient été enlevés aux anciennes cités indépendantes ? Quels droits Rome avait-elle ramenés à elle et monopolisés à son profit ? En d’autres termes, quelle idée faut-il se faire de l’édifice politique nouveau ayant aujourd’hui Rome à sa tête ? Nulle part on n’en trouve le mot. Son empire, tel qu’il est constitué, n’a point de nom, de désignation universellement courante, qui l’exprime et le définisse nettement. Du moins est-il certain que Rome

  • La formule souvent citée, par laquelle les peuples tombés dans la dépendance de Rome s’engagent a « respecter la majesté du peuple Romain » (majestatem populi romani comiter conservare) n’est autre chose que l’expression technique de la soumission adoucie, mais véritable, des sujets de Rome. Très-probablement, elle n’a eté inventée que beaucoup plus tard (12. Cic. pro Ballw, 16-35). Le mot de clientele emprunté au Droit privé, traduit mieux et d’une façon plus saisissante » ces rapports si mal définis de la suprématie romaine (Digest. 49, 15, 7,1) ; encore est-il certain que, même dans les temps postérieurs, il n’a guére passé avec cette acception dans lalangue officielle. [Le texte de Proculus auquel fait allusion M. Mommsen (Dig. loc. cit.) est assez curieux