Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 2.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
202
LIVRE II, CHAP. VII


qui prenaient la place des milices Tarentines, le consul Romain avait abandonné l’attaque de la ville pour rentrer en Apulie : mais les Romains, à l’exception du territoire immédiat de Tarente, n’en dominaient pas moins dans toute l’Italie. Nulle part, dans le Sud, les coalisés n’avaient d’armée en campagne ; et, dans le Nord, les Étrusques, qui seuls luttaient encore, avaient été défaits281 av. J.-C. sur tous les champs de bataille (473). Les alliés, dès avant l’arrivée du roi, avaient mis toutes leurs troupes sous ses ordres, promettant une armée de trois cent cinquante mille hommes de pied et de vingt mille cavaliers : les grands mots leur coûtaient bien moins que les effets. En réalité, l’armée dont Pyrrhus devait prendre le commandement suprême était toute à créer ; et, pour le moment, Tarente seule mettait à sa disposition les ressources qui lui appartenaient. Pyrrhus débute par ordonner une levée de mercenaires Italiotes aux frais de la ville, et réclame l’enrôlement de tous les citoyens en âge de porter les armes. Les Tarentins ne l’entendaient pas ainsi : Ils avaient cru acheter à beaux deniers la victoire, comme une marchandise courante ; et le roi violait le contrat en les forçant à la conquérir les armes à la main. À l’arrivée de Milon, ils s’étaient vus avec joie débarrassés du service si lourd des portes de la place : aujourd’hui qu’il faut aller au dehors se ranger sous les étendards de Pyrrhus, ils regimbent, et le roi menace les récalcitrants de la peine capitale. Les événements donnaient raison au parti Romain, qui renoue ou paraît renouer ses intelligences avec la République. Pyrrhus, que cette résistance est loin de surprendre, traite aussitôt Tarente en ville conquise : il cantonne ses soldats dans les maisons des citoyens, suspend les réunions populaires et les banquets (συσσίτια) ; si nombreux d’ordinaire, ferme le théâtre et les promenades, et confie les portes à la garde de ses Épirotes. Les meneurs sont transférés en