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CHANGEMENTS DANS LA CONSTITUTION

messe de fidélité était prêtée dans leur sein (I, p. 98). Il en fut de même encore de celle faite au dictateur et au consul : l’adrogation, les dispenses légales en vue de tester restèrent dans leurs attributions. Mais les mesures essentiellement politiques ne leur appartiennent plus. Les appels au peuple, dans les causes criminelles, qui sont presque toujours des causes politiques ; la nomination des magistrats, le rejet ou l’admission des lois, sont dorénavant portés dans l’assemblée des citoyens assujettis à la milice : elle attire de même à elle les autres attributions de même nature, et désormais les centuries, en même temps qu’elles supportent les charges, exercent aussi tous les droits publics. Telle fut l’issue à laquelle aboutirent les modestes commencements de la réforme de Servius. On avait donné à l’armée le vote sur l’opportunité de la déclaration de toute guerre offensive : et ce privilège alla croissant tant et si bien qu’un jour, rejetés dans l’ombre au profit des comices par centuries, les comices par curies demeurèrent sans pouvoirs, et qu’on s’habitua à ne plus chercher que dans les premiers la manifestation de la souveraineté populaire. Le vote y avait lieu aussi sans débat, à moins que le haut dignitaire qui les présidait, ne voulut prendre la parole, ou ne la donnât à quelque citoyen. Dans le jugement des appels, les deux parties étaient pourtant entendues : et l’on décidait à la simple majorité des centuries votantes. La raison de ce mode de votation est évidente : dans les curies, régnait l’égalité absolue des votes, et, tous les plébéiens y étant admis désormais, c’eût été ouvrir une dangereuse porte à la démocratie, que de leur laisser leurs anciens pouvoirs politiques. Dans l’assemblée des centuries, au contraire, si l’influence prépondérante n’était pas absolument mise dans la main des nobles, elle revenait du moins aux riches : en outre, les grandes familles y conservaient leur