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GUERRE ENTRE ROME ET LE ROI PYRRHUS


peine à se maintenir contre les Lucaniens et les Bruttiens unis. Enfin, en 472, le consul Gaius Fabricius Luscinus282 av. J.-C. débouche avec les légions devant la place ; la débloque ; bat les Lucaniens dans une journée sanglante, et fait prisonnier Statilius, leur général. Aussitôt les petites villes Grecques Doriennes, pour qui les Romains sont des sauveurs, se jettent dans leurs bras ; et les soldats de la République occupent les places les plus importantes, Locres, Crotone, Thurium, et surtout Rhegium, sur laquelle les Carthaginois jetaient de leur côté les yeux. Partout Rome est décidément victorieuse. Les Sénons, écrasés, lui ont abandonné un littoral considérable sur l’Adriatique : mais elle pressent que le feu couve sous la cendre à Tarente : elle sait qu’en Épire une invasion se prépare et menace, et elle se hâte de prendre possession de la côte et de la mer. En même temps qu’une colonie de citoyens Romains (vers 471) va se283. loger dans Sena [Sinigaglia], jadis le port et la capitale des Sénons, une flotte Latine, partie de la mer Tyrrhénienne, va stationner dans les eaux de l’Est, gardant le golfe, et défendant les établissements que Rome y occupe.

Depuis le traité de 450, les Tarentins avaient vécu en304. paix avec Rome. Ils avaient assisté à la longue agonieRupture avec Tarente. des Samnites, à la ruine foudroyante des Sénons ; ils avaient laissé élever, sans y mettre obstacle, les citadelles de Venouse, Hatria, Sena, et occuper Thurium et Rhegium. Mais le vase d’amertume déborde enfin quand la flotte Romaine, à son passage de la mer Tyrrhénienne dans le golfe Adriatique, vient naviguer jusque dans les eaux Tarentines, et jeter l’ancre dans le port même de la cité soi-disant amie : les meneurs du parti populaire redisent aussitôt dans l’assemblée des citoyens les clauses des anciens contrats qui-interdisaient à Rome d’envoyer ses vaisseaux à l’est du cap Lacinien ; et la foule, excitée, se